Le chapitre 31 de Chémote nous présente le modèle des hommes qui doivent agir dans le peuple
Examinons toutes leurs qualités :
inspiration divine / habileté / jugement / science / aptitude à tous les arts / artisans habiles et, de plus, il est dit : ou vé lev kol-'hakham-lév natati 'hokhma"...
« et dans le cœur de tout sage de cœur j'ai donné une sagesse* ».
Nous voyons que tout le programme dessiné jusqu'à maintenant, D.ieu va le placer "dans le cœur de tout sage de cœur".
Il est donc important que nous sachions où nous situer en nous-mêmes et découvrir quel est ce lieu de notre être et de notre psychologie ainsi nommé "lév, cœur" par la Torah. Afin d'en garder le niveau.
Explorons donc cette notion de coeur (lév) dans la Torah et dans le Tanakh.
La Bible nous indique les deux principes pédagogiques à suivre dans des situations d'urgence :
- parler au cœur ; déblayer les obstacles qui entravent la connaissance -- dabbérou âl-lév Yérouchalayim.... panou dérékh Hachém ki étsaq mayim âl-tsamé... étsaq rou'hi âl-zarêkha ouvirkhati âl-tséétsaékha panou dérékh haâm "Parlez au cœur de Jérusalem... déblayez le chemin de Hachém (Isaïe 40, 2-3)... car je répandrai de l'eau pour l'assoiffé, je répandrai mon esprit sur ta descendance (Isaïe 44, 3)... déblayez le chemin du peuple" (Isaïe 63, 10).Cette méthode double, indiquée par le prophète Isaïe consiste à prendre en compte les trois éléments suivants :
- Hachém répond toujours à la soif actuelle de son peuple ; - il faut que le cœur soit atteint ; - les éducateurs ont à supprimer les premiers obstacles à la connaissance.Pourquoi cette insistance sur le mot lév, cœur ? Quel est "ce" cœur auquel il faut s'adresser?
Le Middrache Rabba sur Qohéléte (l'Ecclésiaste) 1, 16, 1 écrit : c'est le coeur qui entend (I Rois 3, 9), qui parle, qui propulse et marche (II Rois 5, 26), qui fait tenir debout (Ézéchiel 22, 14) ou tomber (I Samuel 17, 32)..., qui désire (Ps. 21, 3),médite (Ps. 44, 4), reçoit les mots de la Torah (Deutéronome 6, 6) et les prescriptions (Proverbes 10, 8), les inscrit en soi (Proverbes 3, 3), il est le lieu du discours intime (I Samuel 1, 13).
Le Traité du Talmud Berakhote 61 a dit : le cœur est le lieu et l'organe de l'intelligence qui comprend, discerne et construit, en même temps que de l'affection nécessaire pour apprendre. Dans les psaumes, nous demandons de recevoir sans cesse le don d'un tel cœur qui fonctionne comme le Créateur l'a construit et soit apte à écouter et à connaître ces niveaux.
Dans les psaumes, nous demandons que Dieu nous donne :
- un cœur joyeux (Ps. 13, 6 ; 16, 9 ; 28, 7 ; 84, 3),
- assuré (28, 7),- droit (57, 8 ; 108, 2), - large (119, 32), - pur (119, 80), - jouissant (119, 111), - orienté (119, 112), - reconnaissant (9, 2 ; 111, 1 ; 138, 1)... C'est, certes, le niveau psychologique (sensible, affectif et relationnel, condition préalable) ; mais il y a, simultanément, un niveau supérieur ou plus intime du cœur. Les Tiqqounéï haZohar (13 a), sont un livre de base de la cabale ;
ils indiquent que :"Véritablement à l'image de l'arche du Sanctuaire, le cœur est un flambeau allumé ; dans le cœur du Sanctuaire réside la Chékhina, lieu de la Torah du Sage qui est 'hakham lév, coeur aux 32 sentiers, lieu de l'âme supplémentaire du Chabbat ; là est le cœur qui comprend, qui sait, qui voit et qui est sous la tente de la paix donnée par D.ieu".
Chaque mot est à méditer. 32 est la guématria de lév. L’auteur du Séfér Hakkéritoute, ouvre également son introduction sur les "32 sentiers" (nétivote) et il ajoute, faisant explicitement le lien avec le cœur: "voyez le livre, tout en lui est grâce et beauté, et livrez-lui votre cœur pour toujours". L'étude du talmud se fait par le cœur (lév) parce que le cœur est disposé, de par sa nature spirituelle, à brancher ses questions au niveau des 32 voies élevées de la sagesse qui constituent l'essence du fonctionnement du monde, ainsi que le dit Rabbi Yits'haq Louria, le Ari zal : laméd béit nétivote 'hokhma, hém ha kaf béit otiote vé ha youd séfirote bélima, chébahém nivra haôlam...
"les 32 chemins de la sagesse sont les 22 lettres et les 10 séfirotes par lesquelles le monde a été créé"...
Dans son commentaire sur la lettre laméd, Ribbi Âqiva montre que la nomination de la lettre laméd n'est pas un hasard car ce mot signifie en hébreu "étudier et acquérir la connaissance". Pour rendre cette idée, il joue sur les lettres du mot laméd, par un notaricone (faire une phrase avec les initiales d'un mot) qui souligne ce lien entre l'étude et le cœur : laméd : al tiqra laméd élla... lév mévine daât laméd : ne lis pas “laméd” mais...
“Le cœur comprend l'union qu’est la connaissance”. Ainsi l'étude de la Torah et le cœur sont liés par nature.
Le roi David a tenu à expliquer à son fils Salomon quand il lui a transmis son pouvoir et ses directives (voir Bérakhote 61): "Et toi, Salomon mon fils, connais le D-ieu de ton père et sers-le d'un lév chalém, cœur achevé et unifié (avec un seul laméd) ... car ("doubles cœurs") Hachém recherche et exige tous les cœurs lévavotes" (I Chroniques 28, 9-10).
David décrit ce processus de développement au cours du travail réalisé par l'étude : il atteint toutes les pensées, puis il rend D-ieu proche et, enfin, il permet de construire le Sanctuaire que D-ieu souhaite établir parmi nous (ou en nous).
C'est ce que réalise l'étude de la Tora faite selon cette ligne du cœur, c'est le projet de Hachém en emportant les Hébreux vers la terre, qui devient celle d'Israël où on ne doit vivre que selon Son projet.
C'est notre but et le but précis de nombreux Juifs revenant à la terre d'Israël avec cet idéal et cette orientation du cœur. Nous voyons ensuite (I Rois 8, 61) que Salomon a bien compris cet enseignement précis de son père sur le cœur et sur l'évolution depuis le lév vers le lévav et, enfin, jusqu’au lév chalem, car Salomon dira plus tard:1. “que Hachém incline lévav nos doubles cœurs, vers Lui pour que nous allions dans toutes Ses voies et gardions toutes ses mitsvotes...”
2. puis il ajoute, avec une précision grammaticale très particulière et significative, soulignée par les commentateurs, où il joue du singulier et du pluriel dans les accords : « que vos doubles cœurs soit achevé et unifié : véhaya lévavékhem chalem » 3. « ...pour garder les mitsvotes ».
Rabbi Yits’haq di Léone nous donne un enseignement supplémentaire; les épreuves traversées dans l’existence, comme celles d’Avraham, ont une fonction : faire percevoir à l’homme éprouvé à quel stade de sa plénitude potentielle (chlémoute) il est parvenu; c’est-à-dire: pour qu’il sache ce qu’il a dans son lévav et progresse. On a toute la vie pour cela.
Par le Rav Yehoshua Rahamim Dufour (Dipour, en hébreu)
*Voyons la perte quand la bible en français très répandue traduit cela : "des esprits industrieux que j'ai doués d'habileté" (sic!)
Vous pouvez partager ce texte à condition d’en respecter l’intégralité, de citer le site : www.sheinrose.com"
Cet article vous a plu ? Partagez-le !
Pour recevoir les prochains articles, vous pouvez vous inscrire à la Newsletter
Comentarios